Expert du secteur de l’électroménager, François Terrasse a évolué au sein du constructeur allemand BSH. Directeur du SAV puis en charge de l’économie circulaire, il a participé aux chantiers lancés par les pouvoirs publics : indice de réparabilité, fond de réparation et pièce de réemploi. Il revient sur les enjeux à venir pour le secteur et le rôle majeur des constructeurs dans la mise en place de cette nouvelle économie circulaire. Rencontre.

Francois Terrasse economie circulairePourriez-vous nous expliquer votre mission au sein du groupe BSH ?

J’ai été directeur du SAV du groupe BSH qui regroupe de nombreuses marques dont Bosch, Siemens, Gaggeneau. Nous sommes parmi les constructeurs les plus soucieux de l‘environnement. Il était donc logique de nous impliquer dans le projet d’économie circulaire. Ma mission est d’accompagner ce tournant majeur dans la réparation. J’ai participé aux discussions aux seins des comités créés par les pouvoirs publics qui réunissent constructeurs, réparateurs, grossistes et des acteurs comme le GIFAM et Ecosystem. Nous avons eu des échanges très fructueux. La feuille de route fixée par les pouvoirs publics permet une mise en œuvre pragmatique et réaliste. Mon rôle est de faire le lien avec notre groupe BSH. Dans la même journée, je vais participer à des réunions à Paris, Bruxelles et Munich.

En quoi consiste l’économie circulaire au sein du secteur de l’électroménager ?

Il s’agit de concevoir des produits qui correspondent aux attentes du consommateur tout en prévoyant leur circularité environnementale. Dès la conception, nous allons faire des choix des matériaux et technologique qui vont prendre en compte l’ensemble de la vie du produit. Nous améliorons leur réparabilité. L’objectif est de permettre à un appareil d’évoluer et d’avoir plusieurs utilisateurs au cours de sa vie. Depuis une dizaine d’années, nous fabriquons différemment les appareils, par exemple, nous allons nous assurer de la disponibilité des pièces détachées. D’ailleurs, la pièce de réemploi est un sujet majeur. Je travaille également sur des pièces issues de l’économie circulaire, une disposition de la loi qui sera mis en place pour l’année prochaine. Les autres chantiers sont évidemment l’indice de réparabilité et le fond de réparation. La France est très en avance sur ces sujets.

La France, a-t-elle pris une longueur d’avance sur ses voisins européens ?

Oui, la France est en quelque sorte un projet pilote pour l’économie circulaire au niveau européen. Le lancement de l’indice de réparabilité est une première ! Il y a une prise de conscience globale de l’impact des produits sur l’environnement et la France est en avance de phase. Les mesures du Green deal européen ou Pacte vert européen qui porte l’ambition climatique de l’UE ne sont pas encore en vigueur. Nous avons réussi avec la loi anti-gaspillage à créer un cadre législatif dont le premier volet est déjà une réalité. Pour le moment, dans le domaine de l’électroménager, la machine à laver a été choisie comme produit test. L’indice sera prochainement appliqué à l’ensemble des appareils.

Comment BSH, qui est un groupe mondial, intègre cette spécificité française ?

Le groupe suit de près l’évolution en France. J’échange au quotidien avec mes collaborateurs européens sur le sujet. Nous sommes très impliqués dans la démarche et nous préparons déjà la suite. Je pilote un groupe de travail de neuf personnes qui calcul l’indice de réparabilité pour l’ensemble des références concernés par BSH. Du marketing au bureau d’étude, tous les métiers sont impliqués dans le chantier. De plus, le groupe est habitué à travailler de façon différente dans chaque pays. Une autre spécificité française est la structuration de la réparation en stations techniques. Au sein d’autres pays, nous travaillons essentiellement avec nos techniciens.

La collaboration avec Agoragroup et notamment sa solution SAV Agoraplus, vous permet de mieux gérer votre service après-vente au niveau européen ?

Tout à fait, Agoragroup est un partenaire stratégique indispensable avec une capacité d’intervention internationale. Leur connaissance technologique devient de plus en plus pointue. J’étais au conseil d’administration d’Agora et j’ai pu voir les évolutions au fil des années. On est passé d’une structure de service à un acteur incontournable qui propose un modèle unique notamment sur la réparation à domicile. La solution Agoserve accompagne le technicien sur le terrain. Il n’existe pas d’équivalent avec un fonctionnement aussi vertical et robuste. Aujourd’hui, les perspectives de développement d’Agoragroup sont bien au-delà des appareils électroménagers. La société ne recherche pas les profits, mais a pour vocation de connecter le maximum d’acteurs avec des solutions technologiques afin d’apporter le service après-vente le plus efficace pour le client final : le consommateur.

Justement, quels vont être les changements majeurs pour le consommateur dans les années à venir ?

Le prochain volet de la loi anti-gaspillage est le fond de réparation avec Ecosytem en maître d’œuvre. Le prix de la réparation hors garantie diminuera de 20 %. Les consommateurs pourront apporter leurs appareils chez des réparateurs labellisés avec la garantie d’une réparation de qualité pour un coût réduit. Les critères de la labélisation des réparateurs sont en train d’être définis. Cette mesure encourage la réparation et valorise le métier de réparateur. D’ici 2025, réparer deviendra un réflexe. Les mentalités auront changé, les consommateurs prendront conscience que les constructeurs et les réparateurs œuvrent au quotidien pour faire durer les appareils. Nous vivons tous sur la même planète !